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Dans un ruisseau (détail), huile sur
toile,200 x 200 cm, 2014.
Émilie sévère vit et travaille entre Paris
et son atelier au 6B à Saint-Denis. Elle a débuté sa formation aux Beaux-Arts
de Brest et a fini ses études à l'école supérieure des Beaux-Arts de Paris.
« Je commence mes toiles
en posant une couche de peinture très diluée. La toile est ainsi imprégnée de
manière instinctive et brutale pour former un brouillard indéterminé. Le fait
de malaxer cette trame provoque un terrain propice à l'émergence de formes. Au
contact de cette brume des figures s’accrochent aux accidents et aux traces de
ma mémoire. »
Émilie Sévère
« Mes dessins
sont le résultat d'une métamorphose, du passage d'une entité visible identifiable
à un nouvel objet anonyme. Cette transformation commence par une fouille
minutieuse. Je scrute le sujet jusqu'à entrer dans ses moindres détails, dans
l'ombre de ses plis et la complexité de ses formes. Mon écriture est intuitive,
quasi automatique. Je regarde le sujet sans en limiter le sens. La notion
d'échelle disparait. Ce travail entraîne un mouvement paradoxal : en voulant me
rapprocher le plus possible de ce que j'aperçois, mon dessin se transforme peu
à peu en une masse non identifiable. Il semble alors perdre sa nature première.
Ainsi une carcasse de poulet peut devenir un paysage. Si je m'attache avec
précision aux irrégularités d'un morceau de mur, le mur lui-même n'est en fin
de compte pas représenté, mais apparaissent son érosion, ses accidents, ses
mousses parasites...
J'aime étudier les objets
quelconques, déchus, déliquescents. Mes dessins sont peuplés de moisissures,
excroissances, corps en ruine, poussières... Pris dans les métamorphoses
perpétuelles qui rythment le monde, nous sommes sans cesse confronté à
l'impermanence. Le dessin renouvelle ce qui n'a plus ni fonction ni âge. Il a
la possibilité de faire renaître les destructions passées.
Sur un autre dessin, une
carcasse de poulet distille une inquiétante étrangeté. Un sujet familier, le
poulet du dimanche devient sacrifice et cadavre informe. »
Extrait de l'article Génération 80, Marie-Laure Desjardins, artshebdomedias.com, 28 mars2014.