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Mathilde le Cabellec vit et travaille à
Paris.
Des pays où elle a passé son enfance,
Mathilde Le Cabellec conserve des images et des souvenirs à la fois vifs et
fugitifs. Née en 1986 à Libreville au Gabon, cette fille de Bretons a suivi ses
parents dans différents postes, mais a choisi de faire ses études en France.
Diplômée des Beaux-Arts de Paris, premier Prix de dessin de l’Académie des
beaux-arts de l’Institut de France Pierre David Weill en 2009, elle nous
présente une sélection de dessins extraite de la série Paysages morcelés.
« La construction de mon travail passe par la déambulation
dans la nature ainsi que dans la ville et ses espaces périphériques. Cette
circulation est intéressée, car dans tous mes déplacements quotidiens, j’essaie
de rester attentive aux éléments et aux zones que je traverse. Certains lieux
deviennent de vrais terrains de recherche. Une telle gymnastique du regard m’a
amenée à questionner, à travers le dessin, ma mémoire visuelle. Celle-ci
s’élabore par petits morceaux de perception inspirés par la nature qui est la
source de mon imaginaire. Je m’intéresse à l’entre-deux, au moment fragile de
l’intervalle et de l’incertitude, ainsi qu’aux moments fugitifs d’apparition et
de disparition. Certains éléments du paysage sont des sources de souvenirs
durables, quoique sensibles, labiles, pouvant prendre une forme de persistance
ténue, comme devenir une tâche de fond dans ma mémoire. Ils restent actifs. Des
paysages mentaux se dessinent sans composition préétablie. Ils fonctionnent
comme une recomposition à la fois aléatoire et précise de souvenirs, de détails
de nature. Ils sont à la fois vus pour la première fois et familiers par les
divers éléments qui les composent. Nous sommes entre deux espaces : le
réel (du moment présent, de l’environnement extérieur) et l’imaginaire, la
pensée. Le vide va avoir autant d’importance qu’un élément dessiné. Il n’est ni
un fond, ni un moyen d’équilibrer la composition. Il est saillant, troublant.
Ses arrêtes, ses bords indécis sont là pour donner un rythme, une dynamique par
rapport aux détails figurés. Il joue en quelque sorte graphiquement le rôle
d’une lumière. Les dessins ne proposent pas d’englober un espace mais de le
redéfinir. La série ne permet pas de situer, mais d’aller d’élément en élément
en gardant toujours un point de vue local, resserré. Une sorte d’exploration
sans fin où chaque nouveau lieu n’est qu’une étape vers le prochain. »
Extrait
de l'article Génération 80, Marie-Laure
Desjardins, artshebdomedias.com,
28 mars 2014.