Denis Christophel

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Peinture claire, acrylique et huile sur toile, 116 x 89 cm, 2013.



 "À l'espace Cardin, le 17 janvier, ce fût pour moi une révélation. Un jeune artiste-peintre ne se préoccupait que de la peinture, de ses pouvoirs et de ses sortilèges pour offrir à ceux qui la regarderaient cette étrange sensation que l'on croyait oubliée, celle de la délectation ! Je préfère ici lui laisser longuement la parole pour que l'on comprenne sa démarche. « À partir de la notion de paysage, j'ai tenté de rendre des atmosphères avoisinant l'abstraction en réalisant d'abord des « trous noirs » où la trace du geste est plus manifeste. J'ai ensuite minimisé celle-ci afin que les étendues de couleur s'épanchent dans la douceur, au profit de la clarté et de l'équilibre de la composition, le paysage étant réduit à son expression la plus élémentaire. Un format vertical plus en adéquation avec les proportions du corps a été privilégié. Stable et hiératique, il vient « rythmer » un espace d'accrochage allongé ; il est propice à la mise en place d'un jeu d'interpénétration entre deux masses de couleur diffuses ; celles-ci entrent davantage en contradiction avec l'orthogonalité du tableau et de l'espace d'accrochage. Le tableau est le résultat d'une longue répétition de gestes qui le rend chargé de matière, de façon à ce que de l'accumulation des couches de peinture naisse une intériorité qui parle d'un désir d'être habité, imprégné par le paysage, sans pour autant traiter d'un lieu précis ; c'est pourquoi à cette présence physique de la peinture doit répondre la recherche d'une simplicité en matière de composition. »

    Cela donne envie d'y aller voir de plus près, n'est-ce pas ? Pour ma part, je retrouve dans ces propos de peintre la même tonalité que dans le témoignage - verbal celui-là - de la grande Joan Mitchell quand elle voulait m'aider à entrer dans le mystère de sa peinture, malgré son français incertain, il y a bien longtemps. En tout cas, je suis certain que l'Américaine adopterait aujourd'hui Denis Christophel comme un fils spirituel. Leurs tableaux ne sont pas comparables, mais ce qu'ils réussissent à faire dire à la peinture est du même ordre."

Jean-Luc Chalumeau, Visuelimage, Lettre Hebdomadaire du 23/01/2014.